lundi 8 juillet 2019

CRITIQUE EXPRESS : KILL SYNDROME (Dwayne King, Scott L. Collins, 2006)

Parfait exemple de film d'horreur à micro-budget destiné au marché du DTV (Direct-To-Video), Kill Syndrome est une bande obscure produite en Caroline du Sud par un groupe d'amis déjà signataires d'un long métrage encore plus confidentiel (Pizzaguy, 1999, tourné et monté en 24 heures), et de quelques courts, dont l'un, Piggy, remporta la compétition du Rob Zombie Short Horror Film en 2002. L'influence de Zombie (en particulier de The Devil's Rejects) est évidente dans Kill Syndrome, qui décrit les exactions d'une famille de psychopathes aussi repoussants physiquement que moralement. Cannibales occasionnels, ces affreux filment leurs sévices sur cassettes vidéos qu'ils vendent à un amateur de snuff baptisé "The Man". Abusivement présenté comme un spécimen d'horreur rurale dans la lignée de Massacre à la tronçonneuse, le film se déroule majoritairement dans des entrepôts situés en pleine ville, avec quelques rares incursions dans des sous-bois macadamisés (ces séquences sylvestres ne sont pas sans rappeler le mémorable Ogroff / Mad Mutilator de Norbert Moutier). Le scénario n'est qu'une épure prétexte à des scènes de torture cadrées à l'aveuglette et montées à la truelle. Lorsqu'ils ne trucident pas leurs prochains, kidnappés au hasard de rencontres en stations-services, les tueurs passent leur temps à s'engueuler, tout comme la plupart de leurs victimes (l'une d'elles tombe d'ailleurs dans leurs pattes après avoir massacré son mari à coups de marteau). Ces altercations truffées de fuck et autres shit sont tout ce qui tient lieu de psychologie à des protagonistes en carton, dont certains apparaissent ou disparaissent de manière arbitraire (l'une des actrices quitta brutalement le tournage, selon les dires de l'un des réalisateurs, et l'on suppose que nul ne se soucia de justifier l'évaporation de son personnage). King et Collins ne cherchent de toute évidence qu'à révulser leurs spectateurs, mais la réalisation chaotique et les effets spéciaux approximatifs ruinent leurs pieuses intentions. Seule la première scène, où une malheureuse se fait charcuter à coups de couteau et de maillet (avec découpage de téton dégusté par le bourreau) avant d'être achevée à la tronçonneuse, provoque un vrai malaise par sa réalisation brutale et les hurlements très crédibles de la comédienne. On croirait presque avoir affaire à un remake d'August Underground, mais la folie et le climat putride du film de Fred Vogel ne perdurent pas longtemps. Le gore artisanal et les prestations navrantes ont tôt fait d'interdire notre implication dans une action conventionnellement hystérique. On goûtera particulièrement l'intervention d'un policier dont la profession nous est signalée par la sirène d'un gyrophare, alors que son véhicule, on ne peut plus banalisé, en est dépourvu.
Le film est visible sur YouTube.

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