samedi 14 octobre 2017

CRITIQUE EXPRESS : XX (Roxanne Benjamin, Karyn Kusuma, Annie Clark, Jovanka Vuckovic, 2017)



Voici le premier film d'horreur à sketches exclusivement réalisé par des femmes. C'est à coup sûr sa seule originalité, qui tient davantage du gimmick publicitaire que d'un argument créatif sérieux. Il y a du reste une sorte de sexisme misandre dans cette valorisation d'un concept qui, tout bien considéré, est dépourvu de signification intrinsèque -- sauf de s'attendre à ce que le film livre un quelconque discours féministe, ce qui n'est pas spécialement le cas. Les deux premiers segments ("The Box", adaptant une nouvelle de Jack Ketchum, et "The Birthday Party") reposent sur des idées intrigantes dont les auteures ne semblent savoir que faire et qu'elles laissent en suspens. On peut apparenter ces deux métrages au courant de la post horror défini récemment par le critique Steve Rose, et comprenant des œuvres situées à la lisière de l'horreur ou du fantastique, dont elles négligent les conventions pour favoriser une approche réaliste et psychologique (le principe n'a rien de nouveau et trouve de parfaits représentants dans des films comme Répulsion ou Le Locataire). Ce n'est pas le cas des deux derniers sketches ("Don't Fall" et "Her Only Living Son"), qui relèvent de l'épouvante la plus clichéique, le second pouvant être perçu comme une suite officieuse de Rosemary's Baby (toujours Polanski !). L'intrigue de "The Box", rigoureusement mis en scène par Jovanka Vucovic (deux courts à son actif) est plutôt prometteuse (après avoir lorgné le contenu d'une boîte portée par un inconnu, un gamin refuse de se nourrir et transmet son inappétence à toute la famille) ; hélas, ce postulat ne débouche sur rien. Annie Clark, principalement active dans le domaine du rock alternatif, semble vouloir faire de son "Birthday Party" une fable sur l'aliénation conjugale (l'héroïne tente de dissimuler le corps de son époux, mort subitement quelques heures avant la fête d'anniversaire de leur fille), mais se révèle aussi encombrée par son sujet que sa protagoniste par le cadavre. Roxanne Benjamin s'était déjà frottée au format de l'anthologie avec son précédent (et premier) film, Southbone. Sa participation à XX est la plus conventionnelle du lot, narrant les déboires de quatre amis campant en "terrain maudit", avec les conséquences que l'on suppute. "Her Only Living Son" tient en haleine malgré sa prévisibilité totale, mais de la part de la réalisatrice de Jennifer's Body, Karyn Kusama, on attendait plus corrosif que cette sacralisation de la maternité. On mesure mieux ce que l'apport de la scénariste Diablo Cody eut de décisif dans la réussite du film précité. Au final, s'il est réellement nécessaire de promouvoir l'horreur au féminin comme une spécificité, il serait souhaitable de songer préalablement à définir celle-ci.
NB : Les transitions sont assurées par des séquences d'animation réalisées par Sofia Carrillo, dans le style de Jan Svankmajer. Elles constituent sans contredit l'élément le plus inquiétant du film.