L'un des repompages les plus éhontés de Saw, Breathing Room emprisonne quatorze personnes dans une vaste pièce où elles doivent
découvrir la raison de leur enfermement – et le moyen de s'enfuir. Observés par
un maître du jeu qui leur délivre des messages par vidéo-projection, ces
participants involontaires à une expérience nébuleuse sont tués l'un après
l'autre lorsque s'éteignent les lumières de leur geôle. Des colliers envoyant
des décharges électriques garantit leur respect des règles imposées par le
surveillant. Ce dernier les informe qu'un violeur, un pédophile et un tueur en
série se trouvent parmi eux, ce qui accroît le climat de suspicion entre les
détenus. Lorsqu'il ne reste que deux personnes en vie, nous apprenons – sans
réelle surprise – que l'une d'elles est complice de l'expérience, en
l'occurrence le numéro 14, Tonya (Ailsa Marshall), dont l'entrée dans le
« jeu » ouvrait le film. Elle quitte la pièce après avoir tué le
dernier survivant, et s'apprête à renouveler l'expérience avec d'autres
cobayes.
Les questionnements kafkaïens propres aux films d'incarcération du type Cube et Saw – « Pourquoi sommes-nous détenus ? Qu'attend-on de nous ? » – trouvent ici une non-résolution particulièrement frustrante, tant pour les protagonistes que pour les spectateurs. Suits et Cowan éludent toute explication quant à la nature de l'expérience dont les prisonniers sont les sujets ; ils ne révèlent pas davantage qui en est le commanditaire (l'état ou un organisme indépendant ?). Loin d'entretenir une angoisse métaphysique, cette irrésolution laisse la fâcheuse impression que les auteurs ne savent comment justifier leur idée de base.
La procédure du « jeu » est elle-même nébuleuse : quelle en est la finalité, quels en sont les enjeux ? L'importance de l'observance des règles est rappelée avec insistance, mais ces règles ne sont jamais formulées clairement et ne correspondent à aucune stratégie définie. Le maître du jeu indique que seules les personnes ne portant pas de collier électronique peuvent agir à leur guise sans s'exposer à des pénalités ; mais quand le numéro 0, Robert (Steve Cembrinski), est libéré de son collier, il n'en est pas moins égorgé après avoir élaboré un plan de fuite. Du reste, ceux qui obéissent aux règles sont également éliminés.
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